Une passerelle a été construite en 1862 au Batelage pour un montant de 1500 francs. Après peu d’usage, elle est remplacée, en 1873 pour un prix de 400 francs. Elle devient pont, du moins dans son appellation, et plus précisément «pont Décuppe» en hommage à nos historiens locaux. Les plans de cet ouvrage sont l’œuvre de Monsieur Dewailly (l’aîné) de Guînes, alors ingénieur et directeur des Usines de Marquise et les travaux d’installation conduits par Monsieur Lhôtelier, agent voyer à Guînes. Utile aux habitants de la rive droite, le pont Décuppe est en tous cas plus solide que sa devancière et reste en service jusqu’en 1978, année de sa démolition.
Mais le gros problème du canal est d’assurer la traversée des habitants du Marais, lesquels, pour se rendre à Guînes, doivent emprunter la rive droite, autrement dit le chemin du Bourrelet. En 1883, il existe un bac qui rend bien des services car la circulation sur le bourrelet est impossible, les boues de curage du canal y sont entreposées. Les habitants utilisent donc ce bac pour traverser le canal et arriver sur l’actuelle route de Calais (la Digue).
Mais bientôt, les terres de dragage sèchent et le bac est supprimé. Pourtant, il parait évident que, pour circuler, la digue est préférable au bourrelet. C’est pourquoi la mairie obtient du Sous-Préfet l’autorisation de mettre en service un nouveau bac dont elle assure l’entretien et pour l’utilisation duquel elle ne demande aucun droit de passage (courrier du 15 octobre 1883). Le bac est construit en bois d’orme pour le fond et en chêne pour le reste. Il mesure quatre mètres cinquante de long et deux mètres de large. Sur la rive droite, on bâtit également une murette d’accostage afin de remplacer la précédente. Le bac entre en fonction au printemps 1884 et coule au fond du canal le 14 décembre 1886. On ne connaît pas les raisons exactes de ce naufrage mais c’est la mairie qui doit payer les soixante quinze francs nécessaires à la réparation d’une péniche qui l’a heurté en travers de la rivière. Il faut donc trouver une solution plus satisfaisante et plus sécurisante pour les habitants du Marais qui manifestent même leur mécontentement en envoyant, au maire de Guînes, une pétition réclamant la construction d’un pont. Ce sont une quarantaine de signatures qui y sont mentionnées. Grâce à l’intervention énergique de Monsieur Auguste Boulanger-Bernet, le projet va aboutir. Les autorisations arrivent en mairie de Guînes à la fin de l’année 1888 et les subventions sont débloquées. Les études permettent de déterminer les dimensions à adopter pour la construction du pont, et pour les plans, les services du ministère des travaux publics copient sur un pont existant à Lille, le pont Ramponneau. Le devis est estimé à 16000 francs ; le marché de la construction est attribué à Joseph Thorez entrepreneur à Coulogne. L’année suivante, le pont du Marais ou pont du Banc Valois est opérationnel. La plaque commémorative porte cette mention : «dans le but d’être utile aux habitants du Marais, ce pont a été construit en 1889 et inauguré la même année par Messieurs Auguste Boulanger-Bernet, député et conseiller général du Pas-de-Calais, Jullien, ingénieur de la navigation, Narcisse Boulanger, maire de Guînes, Gustave de Guizelin et Watel-Compiègne, adjoints». L’intervention de Monsieur Auguste Boulanger a été décisive et, en 1913, sur proposition de Monsieur Scy, conseiller municipal du Marais, le chemin vicinal du premier banc portera le nom Banc Auguste Boulanger.
D'aprés : "Guînes des origines à nos jours"